Biographie

TABLEAUX

Les tableaux de Van Eeckhout sont expressifs, mystérieux, presqu’indéfinissables, et suggestifs ; ils irradient un puissant élan vital.

C’est en 1965, à l’apogée du Op-Art et du Pop-Art et sous l’impulsion de Walter Vilain et du livre Das Geistige in der Kunst de Kandinsky, que Van Eeckhout abandonne la figuration pour l’abstraction. Il choisit cette nouvelle voie créatrice car elle est pour lui la forme artistique la plus libre, la plus universelle, la plus empreinte de spiritualité et de profondeur. Elle lui permet de donner libre cours à la « fièvre picturale » qui vient souvent l’envahir – intime nécessité – et de l’exprimer dans une peinture où triomphent la joie et l’amour sacré de la peinture à l’huile. La couleur et la forme prennent corps et identité, et créent comme par magie une atmosphère mystérieuse que seule une longue et attentive contemplation – comme l’écoute recueillie d’une pièce musicale - permet de capter. Le geste créatif de Van Eeckhout est puissamment thérapeutique ; il soustrait l’artiste aux soucis de la quotidienneté. Van Eeckhout est fervent amateur de jazz : il se mit à exprimer cet amour dans les années 70, dans une série de JAZZPAINTINGS (peintures-jazz). Depuis, il a continué de produire de nombreux « Hommages aux Jazzmen ».

Pendant les années 90, il privilégia les grands formats, le geste ample et le large coup de brosse, travaillant dans une palette de couleurs vives sur une base de jaune foncé, joyeux coup de chapeau au Heimlich Gelb. Quand le peintre JAS lui offrit un grand nombre de récipients de couleurs fabriquées et mélangées par lui, Van Eeckhout entama un travail qui superpose des couches de couleur apposées sur la toile au couteau – la patte de l’artiste. Il en émane une intéressante picturalité et une facture virile et puissante. Ces tableaux offrent un aspect global dans les nuances de gris et de mauve, mais permettent au peintre d’explorer des limites que ne lui auraient jamais imposées ses propres couleurs. Si elles paraissent abstraites au premier abord, ces œuvres recèlent en fait une figuration sous-jacente. Elles ne représentent pas la réalité, mais elles la SUGGÈRENT, elles en font retentir l’écho spirituel. Chaque trait de couteau crée une forme reconnaissable ou non, offrant au spectateur le matériau qui nourrira son imagination et sa propre créativité. Cette « figuration » n’est pas réfléchie mais surgit spontanément et inopinément des tréfonds de l’inconscient de l’artiste.

Van Eeckhout s’est nourri de Willem de Kooning, Bram van Velde, Asger Jorn, Englebert Van Anderlecht, Kurt Schwitters, Paul Joostens et, last but not least, de Jules Schmalzigaug.

Il a sans aucun doute contribué à la survivance de la peinture.

Traduction: Hélène Keufgens

PALIMPSESTES

Les PALIMPSESTES sont nés des COLLAGES créés en 1965-1966. Disposer, déplacer, déchirer, couper, coller : créer un palimpseste – dont la forme finale se laisse modeler en toute liberté - est une démarche bien plus ludique que la peinture, même s’il s’agit en fait de peindre avec du papier et si tout se fonde sur l’amour de ce matériau. Une fois le collage terminé, certaines parties sont couvertes de couches transparentes d’acrylique ou de gouache, et une touche graphique est ajoutée en dessinant à la plume, au pinceau ou aux crayons de couleur. Willy Van Eeckhout crée ses palimpsestes à partir de documents anciens, surtout autobiographiques, qui font intimement partie de sa vie : des partitions, des notes manuscrites, des timbres-poste, des bagues de cigare, des étiquettes de vin ou de bière, d’anciens documents légaux. Il devient ainsi le « conservateur » de son passé. Encouragé par Piet De Groof (Walter Korun), Van Eeckhout a créé un certain nombre de palimpsestes avec des écrivains comme Willem M. Roggeman, Frans Boenders, Rob Goswin et Guy van Hoof, en intégrant les originaux manuscrits ou des copies de fragments de leurs œuvres poétiques. Il a également utilisé le travail d’Émile Verhaeren, de la plasticienne Edith Van Driessche et de Vincent Van Gogh. La nature intime et authentique de l’écriture est très importante pour Van Eeckhout. Écrire à la main, n’est-ce pas un peu dessiner ?

Traduction: Hélène Keufgens